Meem Shoomeatove

Haïti et Sénégal contre la violence faite aux femmes

Jean Jean Roosevelt et Xuman, ils sont du genre à aller directement au but quand ils vous conseillent, ils ne prennent pas de gants et vous lancent sans façon « Laisse tomber ». Ce sont deux artistes francophones et ensemble ils chantent une chanson pour conscientiser les femmes victimes de violences conjugales.

Laisse tomber est avant tout le 9ème son placé sous l’album Ma Direction de Jean Jean Roosevelt, le tout dernier de l’artiste qui chez nous se passe de présentation. En revanche, Xuman est la voix fraternelle qui se pose sur cette mélodie qui prétend parler aux femmes qui ont besoin d’aide. Il nous vient tout droit du Sénégal, le pays qui l’a vu grandir bien qu’il a pris naissance en Côte d’Ivoire. L’un des pionniers du rap sénégalais, il est considéré comme un artiste engagé et connu pour ses textes virulents. Les deux artistes se ressemblent sur bien des points, leur engagement dans la vie sociale et politique de leur communauté, leur préoccupation pour le bien-être de la planète entière et leur lutte pour le respect des droits fondamentaux.

Cette collaboration est née des retombées de la signature de Jean Jean Roosevelt avec Prince Arts, une maison de production franco-sénégalaise, pour son 4ème album. La musique est une vraie conversation qui révèle à la femme victime des secrets sur ces hommes-bourreaux, qui lui montre ses propres capacités afin de ne pas subir ces mauvais traitements. Leur approche est intéressante dans la mesure où elle place la femme dans ce rôle de supériorité qui abaisse le bourreau et qui peut redonner confiance à chaque femme affligée, dans une société où trop souvent leur sort est incompris tant par elles-mêmes que par leur entourage. Les Gisèle de tous les noms n’ont qu’à bien écouter Laisse tomber pour reprendre confiance et agir en conséquence, grâce à la combinaison musicale de Jean Jean et de Xuman.

Laisse tomber fera bientôt le tour de nos écrans puisque le chanteur Prix TV5 Monde 2013 s’est envolé le mardi 7 juin vers la France et le Sénégal pour tourner le vidéo-clip de la chanson, mais aussi d’autres titres comme l’ile de Gorée et Paroles toujours sur son 4ème album feront l’objet de vidéo-clips. Une virée artistique au Burkina Faso est aussi prévue pendant ce voyage.

Ce lien pour savourer la musique (Laisse tomber), je vous souhaite une bonne écoute!


Haïti vs Brésil, un classico ?

Un match amical, ce terme me renvoie toujours un sourire en coin. Je me demande si cela existe. Comment peut-on se livrer bataille, se mesurer et concourir en toute amitié ? D’accord, c’est la magie du sport. Le fair-play entre adversaires. Un match dit amical est rassurant, parce que l’enjeu…en fin de compte je n’en vois pas.

Ce soir, j’aurais souhaité un match amical. Mais c’est tout le contraire. Ce soir est une bataille. Ce soir c’est La Bataille. En Copa America, Haïti affronte le Brésil. L’affiche hurle en silence dans le cœur de millions d’Haïtiens. A cette heure, ce combat vit dans le cœur de beaucoup d’entre eux : le rêve/la réalité, l’optimisme/ le pessimisme, la croyance/la réalité. Le cœur de l’Haïtien ce soir est mitigé. Pour plusieurs raisons.

Nous n’avons aucun doute quant à notre patrimoine culturel, le talent de nos artistes,écrivains… structure qui manque terriblement de soutien, d’encadrement pourtant qui malgré tout  lave toujours soigneusement notre visage à l’international. Dans ces cas là, nous sommes souvent confiants, fiers comme un coq et prêts à écraser l’adversaire. Ce n’est pas du tout la même chose, lorsque les Grenadiers sont en face de la Seleçao, une seleçao qui compte 5 coupes du monde à son palmares. Soit on rêve les yeux ouverts, soit on admet la vérité. Et la vérité est cruelle. Le football se porte mal en Haiti. La fédération haïtienne de football est nulle pour doter ce pays d’une sélection nationale de football. La majorité de nos joueurs ne sont les gamins amoureux de football dans les quartiers d’haïti, qui ratent des heures de cours pour aller jouer au risque d’être punis, qui y consacrent leur vacances, leur temps libre pour l’amour du ballon rond. Parce qu’aucune école ne peut les enlever de la rue, sur les terrains improvisés pour les former à faire partie d’une selection nationale à l’avenir. Ces joueurs qui jouent dans des clubs étrangers ont eu la chance d’évoluer ailleurs et acceptent de jouer pour leur pays. Ils ne sont pas en réalité les produits d’une culture du football en Haiti. Quoiqu’il en soit on a une équipe et elle a une grande responsabilité: de produire un miracle!

Je me souviens du match de la paix en 2004, Haiti avait reçu la sélection légendaire brésilienne au stade Sylvio Cator à Port-au-Prince. Ronaldo, Ronaldinho,Roberto Carlos…en Haïti pour la paix et le football. Un match amical. Le score était en revanche moins amical, 6-0. C’est pas la peine de me demander ( Kiyes ki te sis la?) -Quelle équipe marquait les six buts? Ce soir, l’enjeu est de taille pour les deux équipes. Brésil avec seulement 1 point joue pour la qualification. Haiti, traine  0 point et voudrait à tout prix se démarquer, prouver leur capacité, goûter à la victoire, laver son honneur. Ce match, sera historique!

Photo souvenir Match de la paix en 2004
Photo souvenir Match de la paix en 2004

Ce qui me fait penser à la désolation de Belfort, qui a raté le coup franc qui aurait pu nous sauver face au Pérou. Il ne pleurait pas pour ce match là, il pensait d’après moi, au match suivant. C’était leur chance de gagner 1 point et de ne pas arriver nu devant le Brésil.

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Belfort déçu

Un autre aspect est intéressant à souligner pour ce fameux soir du 8 juin 2016: l’attachement extraordinaire d’un grand éventail d’haïtiens à l’équipe du Brésil. Sans l’édition centenaire, nous ne serions pas dans cette facheuse situation, La Copa se jouant habituellement entre les pays de l’amérique latine. Ce soir notre devise serait simplement Ordem y Progresso. Mais non, nous avons besoin de notre L’union fait la force. On devrait tous supporter les Grenadiers, qui eux-même sont  conscients que la fièrté des haïtiens est à leurs pieds. Un poid lourd.

La blague du jour est si vous ne regardez pas le match, les jaillissements de joie dans les quartiers peuvent vous tromper, parce que vivant en  Haiti, vous penserez surtout que Haiti marque des points, pourtant ce serait le bruit des haitiens fans du Brésil. N’est-elle pas bonne celle-là?  ( J’espère que vous avez ri)

Grenadiers à l’assaut! C’est tout ce que moi je souhaite regarder plus tard. Une équipe qui se bat avec fièrté.


Juin et son clocher!

Quel beau mois de Mai qui vient de tirer sa révérence! Je fais surtout référence à mon activité de blogging et à mon projet photo . Pour le reste, on ne mélange pas les patates et le pain sec. On évite de parler des zombies qui ont voté et autres pagailles de la même nature, du moins dans ce billet.( Ouvrez l’oeil)

J’ai en effet débuté mon blog sur la plateforme de l’atelier des médias de RFI (Mondoblog) pour donner libre cours à la parole, pour ouvrir son champs et la laisser couler comme dans un beau parloir , Coeur et Plus et Beau Parloir naissent d’une même plume, les deux vivront d’une même pensée, mais chacun d’eux fera une route différente, quoique pour semer  une même parole. Ce lien pour visiter  Beauparloir et ceci pour boire les paroles de Coeur et Plus . (c’est selon où vous êtes)

Mai, était fantastique pour moi en tant que blogueuse,  50 articles affichés sur coeur et plus en moins d’un an était un baume à mon coeur de travailleuse. Je suis arrivée à ce point sans même m’en rendre compte. Une petite histoire à raconter, une sensation à partager, un coup à gueuler…et voilà une grande aventure est née!

Je vous l’annonce officiellement, il est possible de lire aussi les jets de ma plume dans le quotidien national, Le Nouvelliste. Le journalisme, mon rêve de jeunesse, ma profession,ma passion.

Cliquez ici pour lire mon article, paru dans le quotidien Le Nouvelliste à propos du concours Art et Démocratie organisé par L’institut International pour la démocratie et l’Assistance électorale, (IDEA International) le Centre d’Art et l’Ecole Nationale des Arts (Enarts)

Je suis photographe, cela sonne tellement bien à mon oreille, je l’écris avec plaisir et je le vis intensément. J’ai des clients satisfaits et des photos pour lesquelles je craque:

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Fleur sous la pluie

Oui, Mai était humide.

Et on saute en juin! Juin et son clocher. Déjà mi de l’an 2016 . Nous sommes à 6 mois de la fin de l’année, concrètement c’est ce que cela veut dire. Pas de panique, Juin est aussi une perche très longue, à saisir pour continuer, recommencer ou débuter. Même si le temps presse,l’essentiel on a encore le temps. N’abandonnons rien. Et il n’y pas que ça, on aime bien, un peu, passionément la Copa America. C’est l’édition centenaire et grâce à ce calendrier symbolique, Haiti y participe. je suis impatiente de chauffer mon équipe, j’en ai une maintenant.

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Les Grenadiers d’Haïti

Brésil de mon coeur je ne saurai te tourner le dos. Je reste une fana, même sans Neymar sur le terrain!

Juin arrive avec l’été, la fête de la musique, la fermeture des classes (moins de bouchons dans les rues), la saison cyclonique aussi (Chuut, pas maintenant) et d’autres billets , articles, lien de presse, photos qui vont arriver, par ci par là…

Suivez moi sur Mon compte instagram et rentrez en contact avec moi par le biais de Mon compte Facebook.

j’ai le droit de choisir un MOIS juste pour MOI.En juin, je ne suis pas modeste. Bon mois de juin!

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Au retour du jardin

Mes photos sont visibles ici


Fête des mères,coups de blues…

 » La fête des mères, tous les derniers dimanche du moi de Mai. Je subis la joie, l’émotion et l’euphorie autour de moi comme un affront, un affront à ma féminité. J’ai un ennemi, et il met un point d’honneur à toujours gagner la bataille. Cela dure 5 ou 6 ans environ, mon cri ne sort jamais bien loin: Il faudrait que cela cesse, cessez le feu! Mais mon cri ne parvient jamais dans les tréfonds qui donnent la vie.  »

Mon histoire n’est pas unique. Elle est plûtot familière à beaucoup d’autres femmes. Nous sommes un bon nombre à ne pas nous rejouir pleinement de cette fête autour de la reconnaissance et de l’amour. La joie ne nous saisit pas dans les tripes. Mais nous pouvons imaginer ce bonheur. Quelle prétention! Comment pouvons-nous imaginer une situation dans laquelle nous ne nous sommes jamais retrouvées? Ce bonheur est si personnel, relié par un cordon ombilical unique, une chose qui nous est inconnue. Alors, nous n’en savons rien, nous ne savons rien du bonheur d’être maman.

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 » Il faut de tout pour faire un monde, il me faut TOI pour faire le mien  » Auteur Inconnu

Ce que nous savons bien en revanche, ce nous comprenons le mieux,c’est ce désir. Le désir de porter la vie, de donner la vie. Ce que nous comprenons, c’est ce vide dans notre ventre. C’est cet appel qui ne reçoit jamais de réponse. Nul besoin d’imaginer à cet stade, nous savons! Nous vivons le vide, le silence…aucun bruit ne nous parvient, aucun son doux …comme MAMAN!

Pour avoir aimé une mère, on vit le plus grand amour du monde, mais pour ne pas être mère à notre tour, on pleure le grand amour, le vrai. On espère les calins, les témoignages d’affection, les immenses sacrifices, les larmes de l’amour à sécher, les confidences à recevoir, les corrections à donner, les bobos à calmer, les angoisses des malheureux jours…on voudrait vivre!

Mais l’ennemi, cette conséquence d’une maladie, cet effet secondaire, cette infertilité, ce refus catégorique de l’autre, l’autre qu’on attend désespérément…l’ennemi victorieux se fiche qu’on soit prête, qu’on se sent capable, qu’on a l’envie qui nous ronge.

Parce qu’il y a les mères, mais aussi le désir d’être mère.

Source photos: Google.com


Il y a quoi dans les livres?

 

« La curiosité mène à tout :parfois à écouter aux portes,parfois à découvrir l’Amérique. »

                                                                                                                           De José Maria Eça de Queiros

C’est aussi un vilain défaut, selon notre éducation. Enfant, on te punit pour ta curiosité : c’est dangereux, ça déroge aux règles de bienséance. Pourtant, le mot que je trouverais pour définir l’enfance, immédiatement après innocence, serait curiosité.

Je vais vous parler de livres et non d’enfants. Cependant, la curiosité donne encore le ton ici. Le livre est un déclencheur de curiosité par excellence. Le livre, qu’il soit ouvert ou fermé, appelle un lecteur. Ou même un visiteur, un simple observateur. Le livre incite à la découverte. Que renferme ce tas de papier? Parce qu’au départ, ce n’est qu’un tas de papier. Il prend forme et fond sous les yeux du curieux qui ose le tenir ouvert. Il sera ce roman d’amour, cet essai engagé ou cette bande dessinée érotique. Mais il faut d’abord être curieux pour le découvrir.

Moi, je suis un produit de ma curiosité. C’est-à-dire des livres que j’ai lus. J’ai tout appris dans les livres. Je n’étais pas une enfant curieuse pour mon entourage, je ne posais pas souvent de questions. En réalité, j’ai eu la chance de comprendre très tôt ce que renfermaient les livres. J’ai pu comparer très vite la réponse des gens et celle des livres. J’ai préféré celle des livres et je n’ai plus posé de questions.

Voyons, on n’élève pas trois bambins dans une maison avec un meuble ancien rempli de livres de tous genres en pensant leur cacher la vérité ! Moi, en tout cas, je m’en suis servie. Mon père, sous l’emprise de la culture de sa ville Jérémie, était ce qu’on appelle un intellectuel, un amant de cette poésie allégorique pour la fidélité des femmes de son temps, la beauté de la terre natale, ou la fierté pour le pays… Il était aussi de ceux qui savaient chanter une sérénade sous la fenêtre de la bien-aimée idole (oui ces choses-là existaient vraiment!) De cette savante attitude, j’ai reçu un héritage : l’accès illimité à son  » Buffet ».

Le buffet est ce meuble ancien qui contient quelques centaines de livres, de cahiers, de magazines. Des auteurs, j’en ai lu. Des noms, des titres, j’en ai balbutié. Tant il y en avait. Des livres documentaires, des séries policières, des romans, de la poésie, des livres d’humour salace, de développement personnel, de philosophie.. .Non, je n’étais pas perdue. J’étais de toute évidence dans mon élément. Ma curiosité était sans limite, je découvrais le monde au fil des mes lectures. Je frappais à des portes. Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que les livres contenaient les réponses. La curiosité force l’imagination, les livres nous transportent au delà de cette imagination. Ils nous mettent face à la vérité, à la connaissance, à la lumière. Cette vérité peut ne pas être absolue, mais ce qui compte c’est la vérité de l’auteur. C’est la connaissance que l’on fait avec son histoire. C’est comprendre son épanchement et pouvoir lire son information. C’est cette connaissance contenue dans les livres qui donne le pouvoir. Le pouvoir de changer, voire de chambouler le cours d’une vie à la lumière d’un livre.

Pour terminer ce billet, l’envie me prend de vous citer 10 titres qui ont marqué mon parcours de lectrice. Ce ne sont pas forcément les plus beaux ni mes préférés… Mais ceux-là ont su me donner une vérité, une connaissance, une lumière à un moment où j’en avais fatalement besoin!

1- L’odeur du café  Dany Lafferière

2-Jusqu’au bout des rêves Philip Shelby

3-Alleluia pour une femme jardin René Depestre

4-The love machine Jacqueline Susann

5- La Maudite Guy des Cars

6-Le petit Prince Antoine de saint-Exupery

7-Perles Celia-Brayfield

8-Les Jeunes s’interrogent Les témoins de Jéhovah

9-Le desespoir des singes et autres bagatelles Françoise Hardy

10- Ainsi parlait  Zarathoustra Friedrich-Nietzsche

 

Photo: Google.com


18 Mai, c’est la fête ou pas?

« Un temps pour chaque chose… »

Cet énoncé est biblique et donc renferme une vérité sacrée. Adaptons: Je dirais, fini la fête, maintenant réfléchissons. Oui, parce 18 Mai, j’ai fait la fête. J’ai fêté la création du drapeau de mon pays. Ouais, Haïti!

Je l’ai fêté de bien de façons: Je me suis réveillée 2 heures plus tard que d’habitude, vive le congé du 18 Mai. J’ai fait la lessive qui traînait, j’ai cuisiné, j’ai regardé la télé, documentaire sur Toussaint Louverture, l’histoire de la colonisation de Saint-Domingue, la Reine des neiges. J’ai passé mon après-midi dehors avec ma caméra en train de chasser des images de parade, de fêtes bicolorées. La soirée, jusqu’à l’assoupissement final sur internet en train de lire les opinions de mes compatriotes sur cette journée de congé.  La fête du drapeau haïtien, 18 Mai ne représente plus rien  qu’un jour férié, c’est un sujet qui divise, résumé de ma lecture.

Pour beaucoup d’entre nous, il n’y a pas lieu de fêter et ceux qui prétendent le faire sont des hypocrites. Ils ont des arguments en béton: Souveraineté perdue, que fait la MINUSTHA sur un sol libre? La communauté internationale, invitée d’honneur des grandes décisions nationales quitte le salon, prends la chambre, la cour (lakou) et s’érige en maîtresse qui menace, lance des mises en garde sévères à faire trembler de peur nos dirigeants, ces politiciens misérables sur un scène politique déplorable. Ils en ont plein, ce n’est pas fini: 18 Mai ne doit pas être célébrer parce qu’il y a trop d’haïtiens peu fier de leur pays, à l’extérieur, il se font passer pour des jamaïcains, des guadeloupéens…enfin, ce pays n’est qu’un gros bloc  de problèmes, on n’a rien à fêter.

Soupir! Long soupir! Qu’ils ont raison! Sur tous ces points, je ne trouve rien à répliquer. Je vis dans ce pays aussi et le tableau dépeint est fidèle.

Je rappelle, 18 Mai, ce n’est pas seulement la fête du drapeau, mais aussi celle de l’Université.  Cela donne à réfléchir, car un jeune de 20 ans sur les bancs de l’université en Haiti tremble de peur à l’idée d’en sortir, pour aller rejoindre les milliers d’autres qui sont passés sur ces bancs avant lui et qui sont encore sous le béton…au chômage. Donc à l’université, le jeune étudiant n’apprend pas le génie civil pour construire les plans de sa ville batie sans plan, ou proposer un plan d’urbanisation, mais il pense plutôt à se faire élire quelques années plus tard, Maire de sa ville natale avec l’espoir d’en sortir avec une voiture confortable, un visa et un titre honorable précédé ou suivi de la mention Ingénieur. Cela compte beaucoup pour la campagne éléctorale. Pas de licence en communication avec le rêve d’écrire un livre où l’on partagerait ses connaissances et expériences même 10 ans plus tard. Personne ne pense vraiment à ce pays, tout le monde ne pense qu’à s’en sortir. En effet, des raisons qui n’invitent pas aux réjouissances. Avec tous ces problèmes dans sa barque le marin a de quoi oublier le thazard et les haïtiens aucunes raisons de festoyer un 18 Mai.

Plus haut, je vous ai raconté ma journée de fête, notez bien qu’il n’y a eu ni rires, ni joies. Je n’ai pas été dans l’euphorie de mes plus jeunes années quand passait le défilé, des centaines d’écoliers costumés pour le jour, des marjorettes, des fanfares et tambourins, les badauds…le terrain de football, le prix de la meilleure pyramide, la fièrté parce que c’est 18 Mai, la fête du drapeau.

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Le drapeau haïtien, 213 ans de flotte!

Cependant, les choses allaient mal aussi à cette époque. Les enfants des ghettos etaient armés au lieu d’aller à l’école, j’avais peur des (Rastas) , de leurs dreadlocks et de leur mine terrifiante, c’était des chimères, le bas-culotte que je portais pour défiler coutait les yeux de la tête à ma mère, mon père se plaignait avec ses partisans qu’on lui avait volé ces points au bureau de vote, il serait Sénateur de la république sinon, le journal télévisé rapportait des crimes et au milieu de tout ce chaos, l’espoir:

« Demain, la gloire d’Haïti, les coeurs joyeux l’âme fervente, toujours en avant nous irons, la tête altière et hauts les fronts »

C’est quand demain? C’est aujourd’hui demain. Point de gloire, ni de dignité pourtant. Cela reste une belle chanson pour marquer le pas tous les 18 Mai. Je comprends vos mines boudeuses, je comprends votre refus de fêter, le coeur n’est pas à la fête, qui peut vous en vouloir? Il n’y a plus d’espoir. Même pas moi, sale hypocrite! Car, j’avais l’esprit à la fête, je fouinais à la recherche d’ambiance, je voulais me mettre au pas.

Il n’y a plus d’espoir, c’est ça votre excuse? Oû étiez-vous vous quand eux, ils prenaient leur courage à deux mains pour nous doter d’un drapeau? Quand Dessalines mettaient toute sa force de nègre pour arracher ce blanc d’étoffe qui symbolisait l’oppresseur ? Où étiez-vous quand eux ils faisaient acte de bravoure? Quand ils luttaient primitivement avec les armées les plus performantes de leur temps pour chasser les colons et inventer la liberté?  Comprenez bien qu’il ne s’agit pas de NOUS, mais d’EUX.  La je deviens agressive, si vous me dites:  » C’est du passé »! Quel présent dois-je chérir?

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Votre égo vous joue des tours, il n’est pas question de jubiler sur nos petitesses et mésquineries, il n’a jamais été question d’applaudir ce que nous sommes devenus comme peuple, mais de toujours se rappeler que sur ce sol que vous  fouler, piaffer, voler, piller…c’est selon, il y a eu un jour de Grands Hommes. C’est le vrai sens du 18 Mai. Soyons hypocrites un jour pour les rendre hommage, l’hypocrisie ne tue pas!

 

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Florwing Ogé embrasse la littérature!

Le monde de la littérature en Haiti se prépare pour un évènement majeur: Livre en folie. Comme son nom l’indique l’évènement est une grande foire où le livre est à l’honneur.  Au cours cette manifestation  qui , cette année compte sa 22ème édition, on retrouvera une jeune et nouvel auteur du nom de Florwing Ogé. Pour les lecteurs à l’affût de nouveautés, elle apporte à cet méli-mélo joyeux de livres neufs un titre rafraîchissant : « Avoir un rêve » son premier livre, qui sera en vente-signature les 26 et 27 Mai prochain à Livres en folie . Beau Parloir donne la parole à l’auteure.
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Florwing Ogé, l’auteure du roman  » Avoir un rêve »
1-Qui es-tu Florwing Ogé?
Je suis une jeune fille qui est née le 23 juin 1994 à port au Prince. Cadette d’ une famille de 4 enfants. j’ai fait des études à new American school, j’ai aussi commencé une carrière en diplomatie au CEDI. Je suis actrice, chanteuse,danseuse,bloggeuse et écrivaine.
2- Cela te fait quoi de savoir que tu publies ton premier livre?
Le fait de publier mon tout premier livre sur lequel je travaillais  depuis 2011 me rend vraiment heureuse. Je suis très excitée.  Non seulement parce que c’est mon premier livre, mais aussi parce que Je n’ai jamais lâché prise malgré les opinions negatives, Je gardais toujours de l’espoir et voilà aujourd’hui ma victoire.
3-Pourrais-tu me raconter comment t’es venue l’idée d’écrire un livre?
  L’ idée d’écrire m’est venue des rêves que Je voulais réaliser, des projets que j’avais,des moments que j’ ai vécu. Je me disais pourquoi ne pas les écrire afin de faire passer mes frustrations, de partager des idées réconfortantes à ceux qui en ont besoin? Tout ceci c’est pour vous dire que c’est à travers mes souffrances,mes humiliations,ma force, mon leadership, ma vie que l’idée m’est venue.
4- Avoir un rêve, le titre de ton roman, Peux tu éclairer mes lecteurs sur le contenu de cet ouvrage?
  « Avoir un rêve » c’est le titre idéal que j’ai trouvé parmi les titres que J’avais. Ce titre parle d’une fille orpheline qui savait ce qu’elle voulait de la vie mais, les moments difficiles qui prenaient place sur son chemin étaient tellement pénible qu’elle ne savait plus quoi faire. Malgré tout ces problèmes ,elle était forte et se servait de ses défis comme source de motivation pour réussir. Elle disait toujours aimer ce que vous rêviez avoir,croyez que vous l’avez déjà et un jour vous l’aurez. En dire plus c’est déjà la faillite « LMAO » Il faut que les gens viennent pour la signature comme ça ils sauront si ce rêve est devenu réalité ou un échec.
5-As-tu déjà eu un journal intime, des carnets où tu relevais des citations, des pensées, etc. ?
 heu oui, j » ai eu un carnet mais parmi toutes les citations Il y en une qui m’est gravée à l’esprit et qui a fait de moi ce que suis aujourd’hui. C’est une citation de Edgar Allen Poe qui dit  » Fair is foul ,foul is fair ».
Florwing Ogé
Florwing Ogé
6-Faisais-tu lire ce que tu écrivais? Si oui, à qui? Quels avis récoltais tu?
 6- j’ai mon blog sur WordPress, un blog sur lequel Je partage toujours mes pensées depuis 6 mois je crois et quand Je les écris, Je les partage . Je récolte beaucoup d’amour car il y a des personnes étrangers quand Je dis étrangers, Je ne parles pas des Haïtiens qui vivent à l’étranger mais des gens qui ne savent même pas le nom de mon pays qui m’écrivent pour me féliciter pour ce que Je fais parce que Je parle avec franchise. Et il y en a qui m’adressent personnellement quand Je ne poste rien. Tout ça me donne la force de continuer parce que grace à mes partages beaucoup de gens apprennent.
7-Cela t’as pris combien de temps pour écrire ce livre?
 Comme Je l’ avais mentionné ce livre m’a prit 5 ans.
8-Tu as écris ce livre pour une raison précise? Voulais tu prouver quelque chose en particulier?
 Oui , il y  a des personnes qui pensent qu’ils ne peuvent jamais arriver au sommet s’ils ne trouvent pas un dieu ou un idiot. Le message de ce livre prouve le contraire, il nous demande de savoir ce qu’ on veut, quel rêve qu’on a? Apres avoir su, il’s’agit de savoir  comment va t- on le réaliser? Il y a toujours deux routes, une route longue,pénible,qui demande beaucoup de sacrifices et une route courte sans dignité,remplie de mauvais mœurs etc… Laquelle allons nous choisir? Et comment peut-on réaliser nos rêves avec de la patience. De nos jours, beaucoup de nos jeunes ne veulent pas souffrir. Ils sont prêts à tout pourquoi? Le plus souvent c’est pour  de la niaiserie,les choses futiles.
9-Est-ce une carrière d’écrivain qui est lancée? Tu as d’autres livres en préparation?
 Je peux dire oui que c’est une carrière d’écrivain qui commence parce que Je suis ce que Je suis aujourd’hui grace à ma volonté,mes objectifs, mon audace et le fait d’avoir la volonté d’ajouter sur ce que les gens qui étaient là ont déjà fait. Oui j’ai par exemple l’importance de la femme que j’ai commencé depuis 2013,  Baiser noir en 2015 .
10-Que penses tu apporter de nouveau dans la littérature?
  Je souhaite apporter ce qui manquait dans la littérature par exemple , on te parle de quelque chose on te donne une histoire on te dit comment ça a commencé, comment elle a prit fin mais jamais les routes ,les risques , jamais les règles, ni les conseils c’est toujours des petites histoires qui ont une fin heureuses ,des paraboles. En ce moment surtout en Haïti, on a besoin de la franchise, on a besoin des preuves si nos ancêtres avaient rédigé tout ce qu’ ils avaient vécu nous n’aurions jamais plusieurs histoires…des petites dans de grandes.
Page blanche…
Je tiens à te remercier Shoomeatove pour ce fameux cadeau qui est l’opportunité de m’exprimer, de partager avec les autres. Tout le monde à un rêve mais comment le réaliser? La réponse est aussi simple c’est avant tout la volonté ,le sacrifice, la patience et comme on dit souvent ici  » yon jou lap jou » c’est ce que je veux laisser comme message.
« Kwè nan tèt ou se sèl mwayen kew kafè lòt moun retrouve yo nan ou, pa kite okenn moun desann ou toujou rete pozitif »

 

Écrivez un message…
 


NOTRE PREMIÈRE RENCONTRE!

“Chaque usage a sa raison. ”  – Montaigne. Je prends cette citation comme prétexte pour lancer mon blog. Ce texte est la raison pour laquelle je suis devenue Blogueuse chez Mondoblog. Il m’a ouvert la porte de cette plateforme que j’admirais de loin, il était une fois. Parce que oui, maintenant je suis en plein dedans. Et je dois l’animer de mes pensées, de mes écrits , de mes paroles.

Après tout, le propre d’un  » Beau Parloir  »…Parler!

Photo/Pic/By/me
Credit photo : MeemShoomeatove

1996.L’âge de l’innocence. Cela fait 20 ans depuis notre première rencontre.

J’aimerais passer mon chemin et laisser en veilleuse cette histoire, mais mon naturel bavard veut à tout prix que je vous la raconte. C’est vrai que j’aime parler. Cela procure en moi une émotion inexplicable.  J’ai dû de très souvent répondre à mes amis, à leur question:  »  à quand le bouquin?   » que de bouquin je n’en ferai pas, parce que je ne sais pas écrire.

Moi, je parle. Je communique. Il faut absolument que je raconte ma bulle. Un écrivain, un poète…d’après moi cherche à séduire par les mots. il est celui qui peut faire rêver avec une phrase, voir ne jamais se réveiller avec toute une strophe.Le poète fournit de l’éclat, du merveilleux aux mots quotidiennement utilisés, l’écrivain sonde les émotions et même les sentiments. Les âmes n’ont aucun secret pour lui. Je ne suis rien de tous ces génies. Quand j’écris, je ne fais que parler, c’est toute ma quête en tenant ma plume ou tapant sur le clavier: Parler.

1990-1996. Mes plus jeunes âges. j’éprouvais déjà ce besoin de raconter. Que peut bien raconter une fillette de 7 à 12 ans, à l’époque où elle n’avait pas encore internet et le téléphone portable?

Moi, je réclamais déjà un auditoire. J’aspirais déjà à être suivie.  Je racontais mes lectures de oui-oui, Martine, Alice,Club des cinq , fantômette …Je racontais mes longues journées à Calas en compagnie de mon grand-père, je résumais L’École des fans de dimanche dernier, à des camarades qui l’ont aussi bien regardé que moi, Je racontais mes rêves de voyages à l’étranger, dont New York, avant d’apprendre que l’étranger ne se résumait pas qu’à la grosse pomme, je racontais des mensonges, des histoires montées de toutes pièces à l’improviste pour amuser les yeux étonnants qui consommaient mes dires, des histoires de giraumons qui parlent dans la cuisine de ma mère, de serpents aperçus à Jacquin, petit bourg qui a vu la naissance de mon père, je racontais n’importe quoi pourvu que je parle.

2006-2016. L’âge de l’indépendance. Mes années liberté. Liberté de la parole. Avec ou sans les mots. Libre de tout dire. J’ai orienté mes études, mes activités, ma vie, de façon à ce que je ne m’arrête jamais de parler. de dire les choses, de décrire les situations, de camper le décor. Le désir de raconter est devenu plus intense, plus pressant. Tous les moyens sont bons. Radios, blogs, clubs oratoires, photographies…

Que peut bien raconter une femme de 21 à 32 ans, à une époque où tellement de voix parlent en même temps?

Dans mon sac à parole des temps modernes, je parle pour raconter ma vie. La vie des autres. Des choses entendues, des choses vues, des choses ressenties. Il faut juste que je m’exprime. Dans mon sac à parole des temps  modernes, je traîne des bouts de paroles sur l’injustice faites sur  l’humain, sur la misère du corps, les déboires de l’âme. Je transporte des morceaux de furie, des pans de dégoûts, des lambeaux de cœurs. Je parle aussi des aléas joyeux, des intermèdes de délices, ces éclairs de bonheurs . je rapporte l’univers et les étoiles dans mon sac à paroles des temps modernes.

Ce qui différencie la fillette de 12 ans de la femme de 32 ans, c’est l’attachement à l’auditoire. Petite, je parlais pour devenir intéressante. Je prenais plaisir à raconter pour me plonger dans ces regards admiratifs qui m’entouraient. A 9, 11, 12 ans, je cherchais inconsciemment  l’extase en donnant ma parole aux autres. De nos jours, je suis toujours attachée à l’auditoire certes, mais pas pour les mêmes raisons. Je veux surtout lui être proche. Lui raconter mes vécus, mes angoisses et mes envies par exemple, mes échecs et mes déceptions, lui montrer mes pas de danse et les fleurs de mon jardin… Je veux être son amie. Pouvoir être sa voix, comprendre,raconter les choses qu’il pensent, les choses qu’il vit. Je veux être utile pour lui, Je veux opiner et prendre partie . Apaiser, aider et rendre heureux. Je veux offrir la beauté des mots du monde par mes simples paroles. Parler de nos jours me donne carrément la sensation d’être la servante des autres, d’être leur âme sœur.

1996.Retour dans le temps. le temps de cette premiere rencontre. Peut-être que ça devait sonner amusant, l’assistance a ri. Un rire bas, refoulé. Un rire que je n’ai pas pris plaisir à entendre. J’ai toujours aimé les éclats de rires. Ces rires vivants qui secouent les seins des grandes personnes. J’ai dû avancer le long de l’allée, ma toge trop longue balayant le tapis rouge, trop fière pour laisser perler ces gouttes qui piquent le coin de l’œil. J’ai regardé droit devant, je n’ai pas souri comme je rêvais de le faire, en saluant de mes mains des deux cotés, je me suis entraîné à tort dans le couloir qui conduit du balcon  à la salle à manger, je n’ai pas eu le privilège de présenter mon petit numéro surprise, qui devait ravir la salle et rendre fiers mes parents. Ce jour là, de ma cérémonie de graduation de l’école primaire, j’ai fait ma PREMIÈRE RENCONTRE avec LA HONTE , en écoutant la lecture de mon palmarès et la phrase finale : Bavarde beaucoup en classe!

Ma honte alors fut de courte durée. C’est vrai que la blague a fait son chemin, j’étais la seule à être reprochée dans ma promotion.Tout un événement alors!  Pourtant, je connaissais des élèves pas intelligents,des élèves brigands, des élèves pas polis…on n’a fait aucune mention de ces comportements. En prenant la pose, avec mes cadeaux, les parents et l’équipe de l’école, pour la photo souvenir, une idée bouillonnait dans ma tête. Mais je ne parle jamais seule? Pourquoi on ne cite pas la même phrase pour mes camarades qui bavardaient avec moi? Je me suis sentie rebelle tout à coup, Une rebelle âgée  de 12 ans. J’ai vite compris que les gens pouvaient être méchants dans la vraie vie, pas seulement dans les bouquins. J’ai vite compris que l’enseignant qui avait écrit cette phrase à la fin de mon palmarès, ne supportait pas mon caractère de fillette qui n’a pas froid aux yeux. J’ai compris que j’étais unique, la seule sur une quantité à bavarder beaucoup en classe. J’ai décidé de sourire pour la pour la photo et pour moi. Mon sourire souillait ma honte au point de la nettoyer, l’effacer.

2016.L’âge de la raison. Les grands l’admettent. On a toujours besoin d’un plus petit que soi. Je puise souvent chez cette petite fille de 12 ans que j’étais, l’énergie de ne pas renoncer, de me battre pour faire valoir mes opinions, mes idées. Souvent, je n’ai pas baissé les bras pour lui faire honneur. Je refuse de laisser mon entourage toucher ma fierté, en voulant l’abattre par des propos négatifs et infondés. La Honte aujourd’hui, entre elle et moi, il n’y a pas de grandes relations si elle se montre par rapport à ce que d’autres veulent me faire croire de moi. 32 ans, je n’ai pas vécue toute une vie, mais j’ai vécue une de ces vies! Et, pour rien au monde je ne m’arrêterai de parler, de raconter, de bavarder.